Photographies prises de janvier à mars 1977 à Diffa, Maradi, N’guimi.
Femmes de traditions
Elles vont et viennent. De l’espace domestique à la production de biens. Tout à tour, nounous, éducatrices, cuisinières, agricultrices, éleveuses, commerçantes.Dures à la tâche. Dures en affaires. Tendres avec l’enfant sans pour autant cultiver sa dépendance….
Elles récoltent, battent, transportent le grain ou le fourrage, l’enfant dans le dos. Cuisinent, l’enfant dans les parages. Au fourneau ou porteuses d’eau, elles ont souvent un port de reine, une équanimité monacale. Ce sont elles qui vont au puits ou traient le vaches, juments, chèvres ou chameaux. Elles qui transportent ce qui garde en vie : l’eau et le lait. Elles font aussi d’adroites potières, guettant le four de terre comme des vestales le feu sacré? Elles vendent les surplus de leur lopin au marché.
Ces femmes rajasthanies, du Ladakh, de Mongolie, du Niger vivent au sein des sociétés traditionnelles où les rôles et tâches des hommes et des femmes – celle du dedans, celle du dehors – sont prescrites par la famille, le clan, la communauté religieuse. Une contrainte aux contours différents selon un dosage entre ce dedans et ce dehors. Une petite cavalcade à dos de chameau n’est pas interdite en Mongolie. Se montrer aguicheuse en jouant de son voile est admis en Inde.
Si elles sont assignées aux rôles et tâches de leur sexe, elles n’en sont pas pour autant confinées à l’espace domestique. Ne rêvent pas (encore ?) de liberté individuelle.
Elles occupent l’espace public et sacré des fêtes, mariages, événements religieux ou profanes, comme les pèlerinages ou les foires. Elles y concluent le prix d’un chameau et les mariages du moment à l’iintérieur de leur groupe.
Ces femmes de traditions n’ont donc pas à s’émanciper en tant que personne pour être estimées.
Elles sont plus dans l’endurance que dans le combat individuel. Libres mais non libérées.
Renée DAVID AESCHLIMANN – mai 2017